PHILOSOPHIE


Philosophie

TAOÏSME, TAO


Nous allons, au cours de cette nouvelle saison explorer le TAO.
Le TAO se traduit par « la voie », « le chemin », « le courant de vie », « la doctrine ».
Concept fondamental de la pensée chinoise, il a été immortalisé par les sages de l’Antiquité chinoise dont les plus connus sont : CONFUCIUS , LAO TSEU et TCHOUANG TSEU.
Lorsque nous nous rapprochons du Tao, notre vie se déroule harmonieusement, nous agissons sans effort, de la façon la plus juste et la plus adaptée aux circonstances, en toute spontanéité.
Quand nous nous en éloignons, rien ne va plus et nous nous épuisons à vouloir combattre les gens et les événements.
Connaître et expérimenter les principes du TAO peut nous permettre de favoriser l’équilibre et la fluidité dans nos vies.
Plus de vitalité, plus de justesse, plus de santé.
« Un voyage de mille lieues commence par un seul pas »
a dit LAO TSEU
« Qui va vers le tao, le tao l’accueille.
Qui va vers la vertu, la vertu l’accueille.
Qui va vers la perte, la perte l’accueille. »
LAO TSEU

CHANGEMENT ( YI )

Tout change tout le temps. Je ne peux donc rien tenir pour acquis.
« La seule chose qui ne changera jamais, c’est que tout est toujours en train de changer »
Le YI KING
En observant l’alternance du soleil et de la pluie dont dépendaient leurs moissons, les chinois de l’Antiquité avaient compris que le changement est l’essence même de la vie.
Le jour succède à la nuit, le printemps à l’hiver, l’adulte à l’enfant.
Rien n’est fixe, tout bouge et se transforme continuellement, dans nos vies personnelles comme dans l’univers tout entier.
Se souvenir de la loi du changement permet de prendre plus de recul face aux événements : quelle que soit la situation dans laquelle on se trouve, on peut mettre celle-ci en perspective, entrevoir son évolution. Savoir que tout change tout le temps évite de se laisser surprendre ou déstabiliser par les événements.
A cultiver :
  • J’affûte ma perception, de façon à reconnaître les changements au tout premier indice.
  • Je relativise ce qui m’arrive car tout peut basculer d’un moment à l’autre.
  • Je mets toute mon attention dans mes relations avec les autres, sachant qu’elles sont en perpétuelle évolution.
A éviter :
  • Je ne me laisse pas envahir par mes émotions, car je sais qu’elles sont passagères et que mon humeur est changeante.
  • Je ne dis plus: « je suis comme ça » ou « c’est comme ça », car au moment même où je finis ma phrase, ce n’est déjà plus « comme ça ».
  • Je ne me fais pas aveugler par une passion amoureuse. Je la vis pleinement, sachant qu’elle est destinée à se transformer.

LUNE – SOLEIL ( YUE – RI )

Chaque chose implique son contraire : c’est pourquoi je renonce à porter des jugements.
« Entre oui et non, la frontière est bien mince. Le bien et le mal sont entremêlés. »
LAO TSEU
Pour définir quelque chose, nous sommes habitués à l’opposer à son contraire : le mal est le contraire du bien, le chaud est le contraire du froid, etc.
Rien de plus faux pour les chinois, pour qui il n’y a pas de séparation, mais un processus, une polarité entre deux éléments qui ne peuvent exister l’un sans l’autre.
« Pile » n’est pas le contraire de « face » : il s’agit d’une seule et même pièce, qui a évidemment deux côtés.
Cette vision non dualiste ne nous est d’ailleurs pas totalement étrangère : ne disons-nous pas qu’une personne a des défauts et des qualités ? Quant aux cyclistes et aux montagnards, ils savent bien que « montée » n’est pas le contraire de « descente » : tout dépend du sens dans lequel on va.
A cultiver :
  • J’oublie les notions de chance et de malchance : la catastrophe d’aujourd’hui pourrait demain se révéler une aubaine. Et réciproquement.
  • Avant de dire qu’il fait mauvais, je me souviens que la pluie est essentielle à la survie de la planète.
  • Je sais apprécier les difficultés, car ce sont elles qui peuvent me faire avancer .
A éviter :
  • Je ne m’arrête pas à la surface des choses : j’envisage toujours le revers de la médaille.
  • Je freine mon enthousiasme quand les choses vont bien. Je ne cède pas au découragement quand elles vont mal.
  • Je me garde de mettre des étiquettes : j’apprends à moduler mes opinions.

SOUFFLE ( QI )

L’énergie qui me traverse me vient de l’univers. Mais c’est à moi de la cultiver.
« La respiration d’un homme accompli vient des talons. Celle du vulgaire vient de la gorge ».
TCHOUANG TSEU
Chacun de nous est relié à tout ce qui existe, car animés par le même « souffle » que les chinois appellent QI ( prononcer « tchi). Fondement de l’existence et de toutes ses manifestations, cette énergie est le matériau primordial qui se condense en donnant la vie et se dissout lorsqu’elle la retire.
A la naissance, notre qi est à l’état brut, et c’est à nous qu’il incombe de l’affiner.
Notre bien-être physique et psychique, ainsi que notre accomplissement en tant qu’être humain, dépendent de la qualité du QI qui nous traverse.
Cultiver le qi (ce que les chinois appellent qi gong), c’est d’abord apprendre à bien respirer :
la maîtrise du souffle permet de se relier à la terre et de communiquer avec tout l’univers.
A cultiver :
  • Chaque matin, j’aère toutes les pièces de la maison.
  • Je m’habitue à respirer profondément et « en conscience » : en inspirant j’absorbe le qi intègre ; en expirant, je rejette les souffles viciés.
  • Si ma posture est mauvaise, mon qi circule moins bien: je pense à redresser mon dos, détendre mes épaules, décrisper mes mains et mes pieds ; mes muscles, en général.
A éviter :
  • Je ne fréquente pas les endroits bruyants, surpeuplés et mal aérés.
  • Je limite les « agents pollueurs »: stress, course contre la montre, cafés et cigarettes à la chaine.
  • Je ne laisse pas la poussière s’accumuler, elle fait stagner le QI.

YIN et YANG( Principe féminin et principe masculin )

Je m’habitue à penser en termes de YIN et YANG .
« La vie d’une personne avisée est une action du ciel …
Calme , elle a les vertus du yin . Active, elle a le flux du yang . »
Thouang TSEU
Le QI n’est ni statique ni à sens unique : il est formé de deux énergies, le célèbre couple yin et yang.
Le premier, YIN, symbolise l’obscurité, le froid,le souple, l’intériorité , le principe féminin.
Le second, YANG, évoque la lumière, la chaleur, la force, la rigidité, l’extériorité, le principe masculin.
Que nous soyons homme ou femme, tous deux sont présents en nous.
Lorsque nous nous exprimons haut et fort, nous activons le yang; lorsque nous écoutons et réfléchissons, nous laissons la place au yin.
En apprenant à reconnaître ces deux principes en soi, on peut travailler à les équilibrer.
En les voyant à l’oeuvre dans les phénomènes extérieurs, on se retrouve à même d’intervenir plus efficacement
A cultiver :
  • En cas de conflit, j’écoute les arguments de mon adversaire (attitude YIN) avant de découvrir mes cartes et passer à l’action (attitude YANG).
  • En face d’un dilemme, je réfléchis avec pondération (attitude YIN); mais une fois que j’ai tranché, je me tiens à ma décision (attitude YANG).
  • Toute avancée (YANG) comporte parfois des reculades (YIN). Trois pas en avant, un pas en en arrière, telle est ma devise.
A éviter :
  • Je ne suis pas un « béni-oui-oui » (excès de YIN). Il y a des circonstances où il faut savoir exprimer son indignation.
  • Je ne confonds pas autorité et arrogance (excès de YANG): être sûr de moi n’implique nullement d’écraser qui que ce soit.
  • Ne pas écouter ma fatigue dénote un excès de YANG. Mieux vaut m’arrêter et reprendre ma tâche à tête reposée.

SHUI et WU WEI( eau et non-agir )

Avant de combattre les événements, j’essaie d’abord de m’y adapter.
« Qui se plie restera entier, qui s’incline sera redressé .
Qui se tient creux sera rempli, qui subit l’usure se renouvellera . »
LAO TSEU
Pour comprendre le fonctionnement du YIN et du YANG,il suffit de penser à celui de la bicyclette: je pousse sur une pédale (YANG) et relâche l’autre (YIN), et c’est grâce à ces deux mouvements opposés que je peux avancer.
Toute forme de vie implique les deux principes, chacun n’existe qu’en fonction de l’autre et chacun est voué à se transformer en son contraire.
Cependant, la sagesse chinoise tend à privilégier la douceur, la réceptivité et les facultés d’adaptation du YIN: le tao n’est-il pas comparé à une rivière qu’il nous suffirait de suivre pour que tout aille pour le mieux?
Défier les tempêtes et ramer à contre-courant peut parfois devenir nécessaire, mais en faire une règle n’aboutit qu’à l’épuisement.
A cultiver :
  • Je suis toujours disposé à modifier mes projets lorsque les circonstances extérieures le requièrent.
  • Si quelqu’un m’agresse, je n’entre pas dans son jeu. Je reste serein et maître de moi, et attends qu’il récupère son calme.
  • Dans une discussion, je préfère convaincre par la douceur plutôt que m’imposer par la force.
A éviter :
  • Je n’humilie jamais un advesaire, sachant qu’à la première occasion il me le fera payer.
  • Je ne me vante pas de capacité que je ne suis pas certain d’avoir.
  • Je ne m’entête pas face aux difficultés. Je fais le dos rond et attends que la situation évolue d’elle-même.

WU YU( détachement )

J’apprends à « non-agir »: je fais ce qui doit-être fait sans m’inquiéter des résultats .
« Il produit sans s’approprier, il agit sans rien attendre.
Son oeuvre accomplie, ilne s’y attache pas.
Et puisqu’il ne s’y attache pas, son oeuvre restera »
LAO TSEU
Le non – agir est le pilier de la pensée taoïste. Il ne signifie pas « ne rien faire », mais plutôt
« ne pas faire » ce qui va à l’encontre du cours naturel des choses. « Non agir » c’est se rendre
réceptif au tao en oubliant son ego, ses ambitions et ses désirs personnels.
C’est agir sans intention, mais seulement par nécessité, parce-qu’il n’y a rien d’autre à faire: avec la certitude que cette action a une valeur en soi, en dehors de ce que l’on en obtiendra sur le plan concret.
Le meilleur moyen de se libérer du stress et de l’anxiété, c’est d’exécuter toutes ses tâches en y mettant le meilleur de soi-même.
Si les résultats ne dépendent pas seulement de soi, à quoi sert de s’en inquiéter?
A cultiver :
  • Je me mets à l’écoute de mon intuition: contrairement à mon égo, elle sait toujours ce qu’il faut faire.
  • Si je viens en aide à quelqu’un, c’est parce-que je dois le faire.
  • Pas pour me faire bien voir ou en retirer un quelconque avantage.
  • Je me concentre sur ma tâche sans penser à rien d’autre qu’à ce que je fais.
A éviter :
  • En renonçant à avoir des attentes, j’évite bien des déceptions.
  • Je n’évalue pas mon travail en termes d’argent, mais d’utilité.
  • Je ne m’attache pas au produit de mon travail. Quand j’ai fini, je passe à autre chose.

ZHONG YONG( Milieu juste )

J’évite les excès et vise en toute chose le « milieu juste ».
 » L’efficacité du milieu juste est suprême, mais la plupart des gens en ont perdu la notion depuis longtemps « .
CONFUCIUS
Zhong Guo, littéralement « pays du Milieu », c’est ainsi que s’appelle la Chine, et ses grands penseurs auraient aimé qu’elle soit aussi le pays du milieu juste.
Synonyme de modération et de synchronisation des actions humaines avec les forces de l’univers, le milieu juste n’est pas un point statique entre deux extrêmes, mais un pôle attractif qui tire l’être humain vers le haut.
pour le représenter, les sages chinois recouraient souvent à la métaphore du tir à l’arc: l’archer devait atteindre le coeur de la cible au moment précis où résonnait le gong, ce qui impliquait une parfaite maîtrise du corps, mais aussi de l’esprit .
Comme lui, nous devons rechercher le milieu juste en toute chose et attendre le « moment juste » pour passer à l’action.
A cultiver :
  • Je définis mes objectifs aussi clairement que possible, puis me tiens prêt à décocher ma flèche. Sans hâte ni impatience.
  • Je sais apprécier un bon repas mais ne me gave pas  Je ne dédaigne pas un bon verre mais je ne me saoûle pas.
  • Eduquer, c’est savoir se tenir dans le milieu juste: je sais punir mes enfants, et aussi les récompenser.
A éviter :
  • Je ne m’éparpille pas entre mille projets. Je me fixe un seul but et ne l’abandonne pas avant de l’avoir porté à terme.
  • Je n’exhibe pas mes biens, je ne me vante pas de mes succès.
  • Ainsi j’éviterai de faire des envieux.
  • Je ne hurle pas, mais sais me faire entendre.  Je ne m’enthousiasme pas, mais sais apprécier ce que j’ai.

REN( être humain )

Je n’oublie pas que le but de ma vie est de me perfectionner.
« L’honnête homme remonte sa pente, l’homme vulgaire la descend « 
CONFUCIUS
Pour CONFUCIUS, l’homme n’est ni bon ni mauvais, il est perfectible.
Ce qui distingue l’être de qualité de l’être ordinaire, c’est le « ren « ( prononcer « jen ») ou vertu d’humanité, cette étincelle grâce à laquelle l’homme prend conscience de lui-même et de sa différence par rapport aux autres créatures, et s’interroge sur la valeur morale de ses actes.
Travailler à devenir pleinement humain, c’est se construire soi-même, en partant de ses potentiels et en s’appliquant inlassablement à les développer : c’est ce que Confucius appelle « l’étude » et qui n’est autre que le travail sur soi.
A cultiver :
  • Je m’efforce de toujours agir moralement en faisant passer l’intérêt de tous avant le mien propre.
  • Quand j’hésite sur la conduite à suivre, je m’interroge : « Que ferait un être de qualité ? Que ferait un être ordinaire? »
  • Je cultive la discipline, ma meilleure alliée.
A éviter :
  • Je ne cherche pas à cacher mes lacunes : je travaille à les combler.
  • Je ne me laisse influencer ni par les médias, ni par le voisin, ni par personne.
  • Je n’ai qu’une échelle de valeurs : la mienne.
  • Je ne m’afflige pas si mes mérites ne sont pas reconnus. Je m’afflige seulement de mes manques.

XUN( s’adapter )

Avant de me lancer dans l’action, je m’interroge sur les énergies en présence.
« Une personne avisée pénètre la vérité des choses, sait s’en tenir à l’essentiel »
TCHOUANG TSEU
Nous savons tous que le succès de nos entreprises ne dépend pas seulement de nous, et que le meilleur projet peut tomber à l’eau si nous le présentons au mauvais moment ou de la mauvaise façon.
Pour bien conduire son existence, il faut savoir harmoniser ses actions avec le contexte dans lequel elles s’insèrent, en comprenant la nature des énergies en présence.
Le moment est-il plutôt yin ou plutôt yang ? Faut-il agir ou attendre ? C’est là tout l’objet du YI KING ou « livre des changements », véritable socle de la pensée chinoise : un livre unique au monde, qui répond aux questions que nous lui posons, en nous informant sur la qualité énergétique du moment et sur la meilleure façon de l’utiliser.
A cultiver :
  • Avant de prendre une décision, je regarde en moi-même pour savoir si je suis prêt. Puis j’étudie les conditions extérieures.
A éviter :
  • Quand quelqu’un me fait du tort, je ne réagis pas tout de suite: j’essaie d’abord de comprendre la dynamique des événements.
  • Je ne me laisse pas guider par mes émotions et me garde des coups de tête.
  • Je ne fonce pas tête baissée, je prends le temps d’envisager les conséquences possibles de mon action.

TIAN MING( Volonté du ciel )

Je me conforme à la « volonté du ciel » et j’accepte ce que je ne peux changer.
« Connaître les actes respectifs du ciel et des humains est le summum du savoir »
TCHOUANG TSEU
Les chinois ne connaissent pas de Dieu créateur. Le principe supérieur est représenté par le ciel, qui représente l’élan créatif. Sa contrepartie est la terre, symbole de réceptivité.
Entre les deux se trouve l’homme, pivot entre ciel et terre, au sommet de la pyramide du monde créé.
La relation homme-ciel est un va – et – vient constant de bas en haut et de haut en bas: l’homme s’adresse au ciel en exécutant des rites et le ciel lui répond.
Pour que tout fonctionne harmonieusement, il faut savoir distinguer ce qui est du ressort de l’homme – et ce que nous appelons le libre arbitre – et ce qui relève de la volonté du ciel, c’est- à- dire le destin.
A cultiver :
  • Mon destin est fixé à la naissance, ma mission consiste à l’utiliser au mieux.
  • Chaque soir, je m’interroge : « Suis-je sûr d’avoir fait tout ce qu’il était en mon pouvoir de faire? »
  • J’accepte mon vieillissement avec sérénité. Ce qui ne m’empêche pas de mettre tout en oeuvre pour en freiner le processus.
A éviter :
  • Je ne me mets pas en tête de changer les autres. Le seul que je peux- et que je dois – changer, c’est moi.
  • Je ne cache pas mon âge, parce-que c’est inutile et aussi parce-que je sais en apprécier les aspects positifs.

CHAN
( Zen )

Je cultive la « chan attitude » : je reste calme et centré en toutes circonstances .
« Tranquillité dans le tumulte , c’est ce qu’on appelle perfection »
TCHOUANG TSEU
Le Chan c’est le bouddhisme « à la chinoise » ,précurseur du Zen japonais .
Si le Boudhisme est la seule religion étrangère qui ait réussi à s’implanter en Chine, et à y prospérer, c’est parce-qu’il présente de nombreux points communs avec le Taoîsme .
Tous deux considèrent que le monde tel que nous le voyons est une illusion, la seule réalité étant la vacuité( pour les bouddhistes) et le vide (pour les taoïstes) .
Tous deux prêchent le détachement et la non-avidité .
Tous deux donnent une grande importance à l’introspection, à la vie contemplative et à la méditation.
A leur exemple, il faut apprendre à tourner son regard vers l’intérieur et à rester maître de soi quoi qu’il arrive .
A cultiver :
  • Je sais que ma perception des choses est souvent erronée, je ne lui donne pas une importance excessive .
  • Je remercie de ce que j’ai, au lieu de me plaindre de ce que je n’ai pas .
  • Je me souviens que la vie suit la loi de l’alternance: bonheur et malheur, maladie et santé, frustration et satisfaction , rien n’est jamais définitif .
A éviter :
  • Je ne me fais pas contaminer par l’agitation des autres . Quand on me met la pression, je reste courtois et imperturbable .
  • Je ne me laisse pas envahir par la peur: c’est la pire conseillère qui soit .
  • Je ne crains pas la solitude mais au contraire la recherche, car c’est le moyen de me connaître moi-même .

REN
( Patience  )

Chaque chose arrive en son temps: je cultive la patience, l’art de savoir attendre .
« En cherchant à hâter les choses, on manque le but . Et la poursuite de petits avantages fait avorter les grandes entreprises . »
CONFUCIUS
Pour devenir un être accompli, il faut développer sa patience .
Savoir attendre est une vertu très prisée par les grands sages de la Chine ancienne , tout comme par le Yi King , qui ne se lasse pas de la célébrer .
Lorsque l’on a accompli tout ce qui était en son pouvoir pour mener à bien un projet, la seule chose qu’il reste à faire est d’attendre patiemment que la situation mûrisse .
Rien ne sert de s’agiter, de vouloir précipiter les choses, de harceler les gens.
Les paysans de la Chine ancienne savaient que le ciel finirait par leur envoyer la pluie , mais ils ne savaient pas quand : une fois terminées les semailles, ils rentraient chez eux et se reposaient .
Comme eux, il faut apprendre à attendre, et à se détendre .
A cultiver:
  • Quand les choses traînent , j’en déduis que le tao m’invite à aller plus doucement .
  • Je donne du temps au temps , et profite de l’attente pour mettre de l’ordre dans ma vie et régler les affaires en suspens .
  • Je pratique le « non-agir » en m’adaptant au rythme naturel des choses, à la cadence du tao .
A éviter :
  • Si une chose à laquelle je tiens ardemment est différée, je ne me fais pas prendre par l’anxiété. Je me concentre sur autre chose .
  • Si un coup de téléphone important tarde à venir, je mets le répondeur, j’éteins mon portable…et je vais me promener .
  • Je ne me laisse pas prendre par l’accélération généralisée . Les autres courent ?
  • Je vais ralentir .

MAN ZU
( Modestie )

Je reste à ma place et cultive la modestie en toute occasion .
Qui s’exhibe ne rayonnera pas . Qui s’affirme ne s’imposera pas .
Qui se glorifie ne verra pas son mérite reconnu .
Qui s’exalte ne deviendra pas un chef .
LAO TSEU
Vertu cardinale de la pensée chinoise, la modestie se calque sur une loi universelle: celle qui tend à remplir ce qui est vide et diminuer ce qui est en excès .
On est modeste quand on prend conscience de son infinie petitesse par rapport au tout :
« Je ne me sens être qu’un petit caillou dans l’univers… Comment oserais-je m’en enorgueillir? disait Tchouang TSEU .
Etre modeste , c’est occuper sa juste place et savoir se tenir à l’intérieur d’un cadre qui s’agrandit ou se rétrécit selon les circonstances .
La modestie implique d’être sûr de soi: à quoi sert d’en rajouter si l’on a une idée précise de ses qualités ?
Elle implique aussi de savoir reconnaître ses lacunes et travailler à les combler . En toute modestie …
A cultiver:
  • Lorsque les circonstances le requièrent, je garde profil bas . Sans me sentir frustré ni diminué .
  • Je suis toujours prêt à reconnaître mes défauts . Ainsi je me rends sympathique et suis mieux accepté .
  • Je sais me faire entendre chaque fois que c’est nécessaire , mais je veille toujours a y mettre les formes.
A éviter:
  • Je ne souligne pas mes talents pour ne pas susciter d’hostilité .
  • Je ne me vante pas de mes succès, car je sais qu’ils sont relatifs et transitoires .
  • Je ne confonds pas modestie et servilité : rester à sa place n’est pas synonyme de ramper.

CHOUO
( Parler )

Je fais très attention à ce qui sort de ma bouche.
Un défaut dans un jade blanc s’efface au polissage.
Un mot placé mal à propos ne peut se reprendre.
CONFUCIUS
Lao tseu disait que « celui qui sait ne parle pas, celui qui parle ne sait pas  ».
Confucius n’était pas en reste et se méfiait comme de la peste du langage et de ses pièges.
A la séduction des beaux discours, il préférait l’harmonie du geste ; aux bavardages de ses contemporains, le son céleste de la musique.
Le maître pesait ses mots et ne supportait pas ceux qui en faisaient mauvais usage.
A son image, il faut donc prêter plus attention à ce que l’on dit , car le langage est un outil difficile à maîtriser: on regrette plus souvent d’avoir parlé que d’avoir tenu sa langue.
Une phrase malheureuse peut suffire à gâter une amitié ou compromettre une carrière.
A cultiver:
  • Je ne parle que si j’ai quelque chose à dire et je ne m’exprime que sur ce que je sais.
  • Ma façon de parler révèle qui je suis: je soigne mon vocabulaire et ma grammaire, mais aussi ma diction et le ton de ma voix.
A éviter:
  • Je me garde des expressions toutes faites : elles banalisent mon discours et enlèvent toute force à mes propos.
  • Je ne tourne pas autour du pot et exprime mes requêtes de façon aussi directe que possible : mes interlocuteurs m’en sauront gré.
  • Je ne colporte pas de ragots, car je tiens à l’estime et à la confiance de mon entourage

LAO
( Vieux )

Je change de regard sur les personnes âgées.
La piété filiale et le respect des aînés sont les racines mêmes de l’humanité.
CONFUCIUS
A cultiver:
  • Je regarde les anciens et les écoute avec intérêt , car ils ont toujours quelque chose à m’apprendre.
  • Aimer et respecter les plus âgés est affaire de bon sens: je les traite comme je voudrais être traité à leur âge.
A éviter :
  • Mépriser les « vieux » c’est faire preuves d’ignorance . Et se condamner à mal vieillir.
  • Je ne confonds pas respect et commisération : les seniors n’ont que faire de ma pitié.

BIAN
( Discernement )

Je choisis mes amis avec le plus grand discernement.
Ne recherchez pas l’amitié de ceux qui ne partagent pas vos exigences
CONFUCIUS
Tout comme l’amour, l’amitié ne va pas de soi et mérite les plus grands égards. Confucius ne s’intéressait guère au premier, mais beaucoup à la seconde, et ses conseils en matière d’amitié sont d’une étonnante actualité.
Sa première recommandation concerne les critères de choix : si les valeurs de l’autre sont trop différentes des miennes, il ne pourra jamais y avoir de véritable échange .
Vient ensuite l’honnêteté : il faut toujours dire ce que l’on pense, même si ce n’est pas plaisant .
La loyauté est un autre ingrédient fondamental: on se doit d’être fidèle à ses amis en toutes circonstances et de ne jamais déroger à ses engagements.
Pour finir, il faut savoir reconnaître leur talent et les encourager à les développer.
A cultiver :
  • Je suis sincère avec mes amis et n’hésite pas à les mettre en garde lorsque je pense qu’ils se trompent . Mais je le fais avec tact.
  • Je me montre tel que je suis : les masques n’ont pas leur place en amitié.
  • Au début d’une relation, je maîtrise mon enthousiasme : une amitié se construit pas à pas.
A éviter :
Je ne choisis pas mes amis pour les avantages que je pourrais en retirer : l’amitié n’a rien à voir avec l’opportunisme.

ZHU
( Le Bambou )

Je limite mes exigences et sais me contenter de ce que j’ai.
Pas de plus grand malheur que d’être insatiable.
Pas de pire fléau que l’esprit de convoitise.
Qui sait se borner aura toujours assez.
LAO TSEU
Le bambou représente la limitation, symbolisée par les nœuds de sa tige .
Tout comme les bouddhistes, les grands sages taoïstes ne cessent de nous mettre en garde sur l’attachement excessif aux biens matériels.
L’argent et les possessions ne sont pas de mauvaises choses, mais l’être de qualité les met à sa juste place, qui n’est pas la première, mais vient après sa vie intérieure et son accomplissement spirituel .
«  Sur cent projets d’un riche, il y en a 99 pour le devenir davantage » , dit un proverbe chinois . Le problème n’est pas l’argent lui-même, mais le dépendance qu’il tend à créer:
plus on en a , plus on voudrait en avoir.
S’efforcer de limiter son avidité est essentiel, car celle-ci éloigne de soi et fait oublier le tao.
A cultiver :
  • Je considère l’argent comme un outil rien de plus , rien de moins.
  • Je sais que le but d’une existence humaine est de s’enrichir. Mais cet enrichissementn’a rien à voir avec les possessions matérielles.
  • Je traite « les choses en chose » au lieu de me laisser « traiter en chose par les chose » ( selon l’expression de TCHOUANG TSEU) : je ne suis esclave ni de ma voiture, ni de mon téléphone portable, ni de rien.
A éviter :
  • Je ne m’identifie pas à mon compte en banque : je vaux bien plus que ça !
  • Je ne tombe pas dans le piège de l’hyperconsommation . Avant de faire un achat, je m’interroge sur mes vrais besoins.

SUN
( Amoindrir )

Je simplifie ma vie et sélectionne attentivement mes loisirs
Qui contemple l’eau trouble perd de vue l’eau limpide
TCHOUANG TSEU
Pour devenir un être accompli, il faut savoir renoncer à tout ce qui encombre l’existence et éloigne du tao.
Cinq cents ans avant notre ère, les sages chinois exhortaient déjà leurs semblables à simplifier leur vie, à ne pas s’éparpiller ni se laisser contaminer par la frénésie ambiante: qui sait ce qu’ils diraient s’ils voyaient où nous en sommes arrivés … tel un jardinier qui élague sa haie, chacun doit peu à peu éliminer les activités superflues pour pouvoir se concentrer sur l’essentiel.
Gaspiller son temps libre revient à se gaspiller soi-même: il faut donc cesser de perdre son temps dans des occupations qui n’apportent rien et n’ont rien à voir avec ses vrais intérêts.
A cultiver:
  • J’oublie la frénésie du « faire » et m’exerce à pratiquer le « non-faire »: je retrouve mon rythme naturel et découvre les bienfaits de la lenteur

MU
( Observer )

J’exerce constamment mes facultés d’observation .
Voyez pourquoi un homme agit, observez comment il agit, examinez ce qui fait son bonheur.
Que pourrait-il encore vous cacher ?
CONFUCIUS
Confucius a évoqué à maintes reprises la primauté du geste sur la parole . Pour évaluer un interlocuteur, il ne se contentait pas de l’écouter: il le regardait avec attention.
Lorsque le maître nous conseille d’observer les autres, ce n’est pas dans le but de les critiquer mais de mieux les connaître et aussi de mieux nous connaître.

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